Dans cet article, nous vous expliquons les raisons complexes qui ont conduit 52% des électeurs britanniques à choisir la sortie de l’Union européenne lors du référendum de juin 2016.
Tel que défini par les analyses post-référendum, ce vote historique résulte d’une combinaison de facteurs sociologiques, économiques et géographiques qu’il est important de comprendre.
- Un clivage générationnel marqué entre jeunes pro-européens et seniors eurosceptiques
- Des fractures territoriales entre métropoles cosmopolites et périphéries délaissées
- L’influence déterminante du parti UKIP sur le débat politique
- Des motivations variant selon les profils sociodémographiques des électeurs
Sommaire
Les fractures sociodémographiques du vote Brexit
Un clivage générationnel déterminant
L’âge constitue le facteur le plus discriminant du vote Brexit. Selon les données de l’institut YouGov, 75% des 18-24 ans ont soutenu le maintien dans l’UE, tandis que 62% des plus de 65 ans ont voté pour la sortie. Cette fracture générationnelle révèle des visions divergentes de l’Europe et de l’avenir du Royaume-Uni.
Les jeunes générations, ayant grandi avec la libre circulation européenne, perçoivent l’UE comme un élément naturel de leur identité. À l’inverse, les seniors, marqués par l’histoire d’avant l’adhésion de 1973, valorisent davantage la souveraineté nationale traditionnelle.
Éducation et géographie urbaine
Les villes universitaires comme Cambridge, Oxford et Manchester ont massivement voté pour le Remain. Cette corrélation entre niveau d’éducation et vote européen s’explique par :
- Une meilleure compréhension des bénéfices économiques de l’intégration européenne
- Des opportunités professionnelles internationales valorisées par les diplômés
- Un cosmopolitisme urbain favorisant l’ouverture européenne
| Tranche d’âge | Vote Remain | Vote Leave |
|---|---|---|
| 18-24 ans | 75% | 25% |
| 25-49 ans | 52% | 48% |
| 50-64 ans | 42% | 58% |
| 65 ans et plus | 38% | 62% |
Le rôle catalyseur du parti eurosceptique
Créé dans les années 1990, l’UKIP a progressivement transformé le paysage politique britannique. Malgré un système électoral défavorable, ce parti a exercé une pression décisive sur les conservateurs, contraignant David Cameron à promettre le référendum en 2013.
L’évolution de l’UKIP vers un discours populiste ciblant les classes populaires blanches a permis de fédérer un électorat délaissé autour de thèmes mobilisateurs : critique des élites, opposition à l’immigration européenne et défense de la souveraineté.
Motivations principales des électeurs Leave
Dans le cadre de cette analyse, deux motivations dominent le vote Brexit :
- Souveraineté nationale (49%) : récupération du contrôle sur les lois et décisions politiques
- Contrôle de l’immigration (33%) : maîtrise des flux migratoires européens
- Rejet des contraintes réglementaires européennes perçues comme excessives
Géographie électorale : trois profils territoriaux du vote Leave
L’analyse territoriale révèle trois types distincts de circonscriptions ayant voté pour la sortie, chacune avec des motivations spécifiques.
L’euroscepticisme conservateur prospère
Les territoires aisés de l’ouest londonien, comme le Buckinghamshire, ont exprimé un euroscepticisme idéologique. Ces zones prospères rejettent les grands projets européens d’aménagement et défendent une vision traditionnelle de l’Angleterre rurale immuable.
Le ressentiment des périphéries marginalisées
Les stations balnéaires déclassées comme Clacton illustrent un vote protestataire exprimant un sentiment d’abandon. Ces territoires cumulent :
- Forte précarité économique et chômage structurel
- Population vieillissante et désindustrialisation
- Sentiment de délaissement par les élites politiques
Les territoires confrontés aux mutations migratoires
Boston, dans le Lincolnshire, symbolise avec 75,6% de votes Leave les zones bouleversées par l’immigration européenne massive. Avec 10,6% de sa population née en Europe de l’Est, cette ville illustre les tensions générées par une transformation démographique rapide, créant des inquiétudes sur la baisse des salaires et les difficultés d’intégration.
Le vote Brexit résulte d’un faisceau complexe de facteurs : fractures générationnelles, ressentiments territoriaux et influence politique de l’UKIP. Cinq ans après, les sondages indiquent un retournement d’opinion, une majorité estimant désormais qu’il s’agissait d’une erreur, témoignant de la persistance des divisions britanniques sur cette question européenne.
